Traces étranges venues du fond des temps 

La nature nous réserve de temps à autre des surprises, elle fait resurgir à un moment bien particulier et d'une manière fugace des vestiges disparus depuis plus de deux mille ans. Ils sont observables d'une manière spectaculaire lorsqu'ils sont vus de haut (avion), mais restent néanmoins visibles pour un œil aguerri depuis le sol. 

Quel est ce phénomène et comment marche-t-il ? 
Les traces observables sont dues à des excavations (tombes, fossés, caves, silos, etc…) ou à des structures souterraines (fondations, chemins, remblais, etc…). 

















 

Effet des structures sur la végétation 
 
Ce phénomène est de deux ordres, il est physique ou physiologique. 

Les phénomènes physiques sont en général très fugaces, ils vont apparaître pendant un laps de temps très court qui varie de l'ordre d'une minute à une heure. Ils sont dus à une différence d'humidité ou de température de la terre. 

- Un sol fraîchement labouré va marquer l'emplacement d'une tombe pendant une heure au printemps ou à l'automne, jusqu'à ce que le soleil sèche la terre et fasse ainsi disparaître la différence d'humidité de la fosse. 

- De même, les matins d'automne, certains jours une petite brume se met à sortir de la terre, elle sera plus abondante sur les zones où le sol est plus humide. 

- Dans le même registre, lorsque le givre ou une fine pellicule de neige gelée recouvre la plaine, qui vont fondre sous la tiédeur du premier soleil, quelques minutes avant sur les zones où la terre du sous-sol est plus chaude. Ces deux dernières manifestations ne sont pratiquement observables que d'avion. 
 
















 
Les phénomènes physiologiques font entrer en jeu les plantes et leur développement. 
Une plante va extérioriser son potentiel végétatif proportionnellement à son développement racinaire, plus les racines occuperont de volume de terre, plus les plantes seront hautes, volumineuses et arriveront à maturité plus rapidement. 

Autre point très important, plus une plante est stressée, plus elle va amplifier ces différences. 
C'est donc principalement sur les cultures en mauvaise santé et sur une couche de terre arable faible, que les observations vont être possibles. Une culture avec un sol profond, humide, ayant une alimentation azotée suffisante n'a aucune chance d'être un quelconque révélateur. 

Une période sèche à l'automne va favoriser la pousse des blés et des colza sur les fosses plus humides, il peut y avoir une différence d'une feuille, ce qui suffira pour faire une observation. Mais dès la première pluie, les marqueurs s'effaceront. 

La différence de végétation va être visible à différentes périodes de la vie d'une plante. Notre blé va donc de nouveau marquer cette différence au moment de la reprise végétative début mars (en condition de stress), (haut.10cm), puis, à la fin de la montaison, début de l'épiaison, (début juin). La croissance est très rapide juste avant la sortie des épis (3 cm/jour), toute avance de la végétation de 4 à 5 jours va être observable pendant le même laps de temps, jusqu'à ce que le reste du champ soit épié. 













 
 

Puis la maturité arrive, la plante change de couleur (début juillet), elle passe du vert au jaune, ensuite les épis vont faire le crochet huit jours avant la récolte. A ces deux périodes, (principalement le changement de couleur) les marqueurs de la maturité vont de nouveau s'observer. 

Les plantes extériorisent plus ou moins ces phénomènes, la plus connue est le pois qui est plus sensible au stress hydrique et qui marque fin juin-début juillet lorsqu'il passe du vert au jaune et du jaune au marron. Ensuite viennent le blé et l'escourgeon décrits plus haut, puis l'orge au changement de couleur (début juillet), le colza à la fin d'automne en condition sèche, les betteraves en stress hydrique en été. La luzerne à la repousse de la dernière coupe (mi-septembre). 

Les conditions pour voir apparaître des structures en creux ou en relief sont telles qu’une villa gallo-romaine ne sera parfois découverte dans son ensemble qu'après plusieurs dizaines d'années. 
Les traces que l'on peut observer sont de l'ordre du demi-mètre, soit des silos, des palissades, des puits et bien sur, toutes les structures plus importantes. 
 
Les techniques de la photographie 
 
On peut faire de la photographie aérienne de plusieurs manières:


- La première méthode est l’avion,
 elle permet de prendre un site dans son
 ensemble et de cadrer visuellement l’objectif. 

 

 
 
 - La deuxième est la photo en cerf-volant, elle permet des vues de 10 à 150m d’altitude, avec l’inconvénient de ne réussir qu’une vue sur trois, le cadrage se faisant au doigté et entre les sautes de vent. 
 
 

 
 
   - La troisième, est un appareil muni d’un retardateur 
monté sur une perche métallique de six mètres. 
A cette hauteur, des sites d’une vingtaine de mètres de
large peuvent être pris avec une bonne qualité d’image. 
 
 
 
 

 

  
 

 Fiche n°1

Auteur:
M. GODIN

avril 2003


L'archéologie Aérienne